13 juin 2024                                                      L'EFFET PAPILLON

                                LES PAPILLONS DE NOTRE RÉGION, ENJEUX ET ACTIONS

 

Pierre-Yves GOURVIL

 

 

Ce jeudi 13 juin 2024, Gan-Mémoire et Patrimoine accueille Pierre-Yves GOURVIL Chargé de projets au Conservatoire d’Espaces Naturels Nouvelle-Aquitaine, il est le Coordinateur régional du PNA (Plan National d’Actions) en faveur des papillons de jour.

 

En une heure trente, en pédagogue averti, il nous présente la biologie des papillons, nous informe sur les espèces remarquables du Béarn et échange sur des actions à mettre en œuvre.

 

 

Pierre-Yves GOURVIL présente d’abord succinctement le Conservatoire d’Espaces Naturels (CEN) de Nouvelle-Aquitaine. Depuis 1992 il contribue à préserver les espaces naturels et les paysages remarquables de notre région. Composé de représentants de la société civile, d’organismes liés à la protection de l’environnement, de collectivités territoriales, avec l’appui d’un Conseil Scientifique, guidé par des spécialistes, il assure une gestion adaptée des milieux naturels qu’il maîtrise. Il porte les enjeux environnementaux au cœur de l’économie des territoires et assure la transmission de ce patrimoine naturel aux générations futures.

 

 Les missions du CEN :

 -      Connaître : étudier, analyser les milieux naturels et les espèces pour mieux les protéger.

 -      Protéger : négocier à l’amiable la maîtrise foncière ou d’usage à long terme des espaces naturels.

 -      Gérer : Mettre en place des opérations de gestion nécessaires au maintien de la biodiversité.

 -      Valoriser : sensibiliser les populations à la protection de la nature et à ses enjeux.

 -      Animer les territoires : accompagner la mise en œuvre des politiques publiques environnementales.

 En chiffres : 7 réserves naturelles régionales et nationales – 471 sites en gestion dont 6236 ha en propriété, 12020 ha en convention de gestion, 575 ha en location, près de 19000 ha maîtrisés. – 350 agriculteurs partenaires – 41 sites en animation - 103 sites ouverts au public.

 

Vous en apprendrez davantage en visitant le site du CEN : www.cen-nouvelle-aquitaine.org

 

 

Qu’est-ce qu’un papillon ?

 

Ses principales caractéristiques montrent toujours trois paires de pattes même si chez quelques papillons de jour la première paire est atrophiée. Les papillons possèdent deux paires d’ailes couvertes d’une multitude d’écailles. Là encore quelques exceptions quand des femelles de papillons de nuit n’ont pas d’ailes.

 

Enfin, le développement du papillon connaît quatre phases, de l’œuf à la larve qui est une chenille puis à la chrysalide et à l’imago, nom du papillon adulte que nous voyons virevolter.

Papillons de jour ou papillons de nuit : rhopalocères ou hétérocères ? Une longue discussion pour en arriver à une différence simple mais essentielle.

 

Les papillons de jour possèdent des antennes se terminant par une massue, un renflement tandis que les papillons de nuit ont des antennes de formes très diverses mais jamais se terminant en forme de massue. Les antennes sont des organes sensoriels indispensables pour capter les phéromones comme pour identifier les plantes sur lesquelles seront déposés les œufs.

 

 

Les papillons de jour ne représentent qu’une infime partie des lépidoptères. Le rôle des papillons de nuit est important dans la pollinisation car contrairement à beaucoup d’insectes qui ne visitent que certaines plantes, par leur nombre, ils couvrent une grande variété de végétaux.

 

L’imago a une durée de vie courte, de quelques jours à plusieurs mois. Certains, tels le citron passent l’hiver à l’abri pour se reproduire au printemps. D’autres, comme la Vanesse Belle Dame migrent de l’Europe vers l’Afrique. De l’œuf à la chenille et à la chrysalide, le temps peut être plus long, quelquefois de plusieurs années.

 

Sur 252 espèces de rhopalocères dénombrés en France, on en compte 158 en Aquitaine. Combien en Pyrénées -Atlantiques ? Vous en reconnaîtrez sûrement quelques-uns dans ce large inventaire : ICI.

 

Des recensements sont effectués en permanence et si d’une façon générale le nombre de papillons diminue, selon les régions et l’environnement, certaines espèces se développent ou disparaissent. Le cas du Cuivré des Marais est intéressant. Jusqu’aux années 1930 il est cantonné dans la Gironde. Dans les 20 années suivantes on le voit en Poitou-Charentes et en Dordogne. Il continue à s’implanter dans le sud-ouest jusqu’aux années 1980 mais depuis, il stagne sur ces aires ou régresse même dans certains secteurs.

 

L’Azuré du Serpolet, espèce myrmécophile montre une coopération inattendue que vous pouvez visionner avec cette petite vidéo fort intéressante : ICI

 

 

Le conférencier présente d’autres papillons comme la Carte Géographique qui donne des papillons différents selon qu’ils éclosent au printemps ou en été. Ces évolutions sont liées à la richesse de l’alimentation autant qu’à la température et au temps de croissance de la chenille.

 

 

 

Lié à l’ortie comme la Petite tortue, le Vulcain ou le Paon du jour, ce papillon a la particularité de pondre ses œufs en colonne sous les feuilles.

 

Le conférencier remonte ensuite le temps pour montrer comment après les mammifères et les oiseaux, les lépidoptères constituent un groupe bien connu. Dès le 17e siècle des collections sont répertoriées et des ouvrages publiés tout au long du 19e siècle : Comte Roger de Bouillé, martin Larralde d’ Arencette, André-Auguste Gérardin. Le 21e siècle voit le développement d’atlas et d’outils en ligne permettant une large diffusion des connaissances.

 

Il a ainsi été constaté que 66% des espèces de papillons recensées ont disparu. Il est donc urgent d’alerter l’opinion et de prendre des mesures pour essayer de préserver et conserver les existants. Pour cela, alerter et mettre en place des outils comme le Plan National d’Actions (PNA) en faveur des papillons de jour. Cela concerne 38 espèces en priorité à l’échelle nationale dont 12 en région Nouvelle-Aquitaine. Voir la liste rouge ICI.

 

 Au-delà des structures reconnues comme le Centre Entomologique des Pyrénées occidentales, le CPIE Béarn, le parc National des Pyrénées ou le Conservatoire d’espaces Naturels de Nouvelle-aquitaine, chacun est invité à participer en transmettant ses observations, photographiques le plus souvent. Le document : « Clé simplifiée des rhopalocères d’Aquitaine » vous aidera à identifier les individus les plus courants ICI. Les organismes assurant la collecte sont : https://observatoire-fauna.fr/ , https://www.vigienature.fr/ ou www.faune-aquitaine.org  qui diffuse des fiches de prospection.

 

La condition essentielle au maintien des espèces fragiles ou en voie d’extinction consiste bien évidemment à maintenir ou rétablir un environnement favorable à leur existence. C’est l’affaire des collectivités mais aussi de chacun d’entre-nous, dès qu’il possède un peu de terrain, en laissant des espaces en libre évolution, en arrêtant les produits phytosanitaires, en privilégiant les espèces locales, en limitant les éclairages… et en faisant mieux connaître autour de nous ces merveilles de la nature.

 

 Pour aller plus loin, c’est ICI.

 

Les images du compte rendu et celles de la galerie ci-dessous viennent de photos prises pendant la conférence et d’internet.