13 octobre 2022               CHÂTEAU de MAUVEZIN et ABBAYE de l'ESCALADIEU

 

CHÂTEAU de MAUVEZIN

 

Cette journée commencerait-elle mal ? Du brouillard cache les montagnes et une panne d’électricité nous empêchera de visiter certaines salles. Heureusement, Isabelle notre guide saura faire une remarquable présentation et le soleil ne tardera pas à illuminer le château.

Le premier château a été construit sur une motte castrale artificielle, vraisemblablement au XIe siècle. Elle avait une hauteur de 3 mètres. Le château était en bois et consistait en une tour entourée de palissades.  
Au pied du château, deux basses-cours protégées par des fossés et fermées de palissades, abritaient des maisons. La plus grande, située côté sud, avait une largeur de 12 mètres environ. Elle a été agrandie par Gaston Fébus, au XIVe siècle, pour lui donner sa forme actuelle. La seconde est occupée par le cimetière construit en 1849.

Le château dominait le village qui était également fortifié par des palissades jusqu’à l’emplacement de l’église actuelle. On y voit des traces de fortifications de chaque côté de la route qui monte au château : talus abrupts et dénivelés très marqués. Il devait y avoir une porte d’entrée fortifiée. L’ensemble formé par le château situé à l’endroit le plus élevé, et le village situé en dessous autour d’une rue unique, évoque les premiers « castelnaus ».  
Le château est cité pour la première fois dans un texte du 12 mars 1083. C’est un pacte de paix entre Sanche de Labarthe et Béatrix, comtesse de Bigorre. Situé sur la frontière entre la Bigorre, le Comminges, l’Armagnac, Aure et Labarthe, il a servi plusieurs fois de gage pour garantir la paix, comme en 1232 lorsque la comtesse Pétronille de Bigorre l’a donné au comte de Comminges.  
Disputé pendant la guerre de Cent ans, il a fait l’objet d’un siège, mené en 1373 par le duc d’Anjou, frère du roi Charles V, et raconté par le chroniqueur Froissart. En 1379, Il est donné à Gaston Fébus qui l’ajoutera à son pays du Nébouzan.  
Le mur d’enceinte, flanqué de contreforts, a été vraisemblablement construit au XIIIe siècle. Il arrivait au niveau de la cour actuelle. Gaston Fébus édifia le donjon de 37 mètres de haut et rehaussa les remparts. Jean de Foix-Grailly l’aménagea en résidence comtale et apposa sa fière devise « j’ ay belle dame » sur la plaque héraldique située au-dessus de la porte d’entrée. Après sa mort, il ne servit plus guère, si ce n’est de prison pendant les guerres de religion. 

 

Devenu bien national à la Révolution, il devint, on ne sait comment, propriété de la commune et servit de carrière aux habitants de Mauvezin. En 1862, Achille Jubinal, député des Hautes-Pyrénées, le racheta à la commune afin de le restaurer, mais n’eut pas le loisir de commencer les travaux. Ses héritiers le vendirent en 1906, à Albin Bibal, maire et conseiller général de Masseube, qui y entreprit des travaux de consolidation afin de l’ouvrir au public. Le 28 mars 1907, il le donna à l’ Escòla Gaston Fébus qui le possède toujours. L’association a lancé un vaste programme de restauration.

 

Sources site du Château de Mauvezin

 

 

La galerie d’images ci-dessous présente la visite

ABBAYE DE L'ESCALADIEU

 

Vers 1130-1137, des moines venus de l’abbaye de Morimond (Champagne-Ardenne) s’installent sur les pentes du Tourmalet. Face à l’inhospitalité des lieux, les moines choisissent en 1142 leur emplacement définitif plus en aval dans la vallée de l’ Arros au pied du château de Mauvezin.

L’ Escaladieu « échelle de Dieu », est affiliée dès sa création aux Cisterciens. Cet ordre monastique, créé en 1098 par le moine Robert de Molesme, souhaite rétablir l’application stricto sensu de la Règle de Saint-Benoît, et prône une plus grande austérité. Le XIIIe siècle marque l’apogée de l’ordre et l’Escaladieu traduit la volonté cistercienne de s’étendre : elle essaime à son tour en Gascogne (Bouillas et Flaran) et surtout en Espagne (Fitero et Monsalud, Sagramenia, Veruela, La Oliva…). L’architecture de l’ Escaladieu est en parfaite concordance avec les préceptes de l’ordre et de son principal abbé, Saint Bernard de Clairvaux.

Au XVIe siècle, l’abbaye est marquée par les vicissitudes historiques : les protestants saccagent et incendient les lieux à deux reprises, et une nouvelle organisation interne est mise en place. La direction est confiée à un abbé commendataire nommé par le pouvoir royal. Il ne réside pas sur place. Selon les périodes, on note une observance moins stricte de la Règle. Remaniée jusqu’au XVIIIe siècle, l’abbaye est dotée de nouvelles constructions propres à l’esthétique de l’époque. Avec la Révolution française, les moines sont chassés et l’abbaye vendue comme bien national le 2 mars 1793. Elle fait l’objet de nouvelles attributions (pavillon de chasse, bergerie, puis résidence privée…) et certaines parties telles que le cloître sont démantelées.

Depuis 1939, l’abbaye de l’ Escaladieu est classée Monument historique. En 1986, une association achète les lieux en vue de sauvegarder le site. En 1997, l’Abbaye devient propriété du Conseil départemental des Hautes-Pyrénées. Il développe un programme de restauration et d’ouverture au public à long terme en développant une forte dynamique culturelle s’inscrivant dans l’ère du numérique au travers de supports multimédia proposant une nouvelle découverte du site et une programmation culturelle dont un volet entrelace arts et technologies.

 

Les expositions actuelles, tant dans les jardins que dans l’aile aux moines susciteront au cours de la visite des commentaires très divers et dans « le Banquet de l’ Escaladieu » on trouvera effectivement « à boire et à manger ».

 

Le cloître dont il ne reste malheureusement presque plus aucune trace, a été démantelé et sûrement vendu au cours du XIXe siècle. Il donnait accès à l’abbatiale au sud, à la sacristie, à la salle capitulaire, à la salle des pénitences et au dortoir à l’est, au chauffoir, au scriptorium, au réfectoire et à la cuisine au nord.

Véritable centre de vie monastique, l’abbatiale est remarquable par la rigueur cistercienne de son architecture et l’harmonie de ses proportions. Dépourvue de décors, elle reste caractéristique de la pureté et de la simplicité voulues par les Cisterciens.

L’église de l’abbaye d’une longueur initiale de 61 mètres, est aujourd’hui privée à l’extrémité est  de son chœur et à l’ouest de ses deux premières travées.

Dans la nef, la voute en berceau brisé du haut vaisseau est scandée par des arcs doubleaux transférant les poussées aux piliers massifs qui divisent l’espace en six travées visibles. Elle est contrebutée perpendiculairement par les voutes des bas-côtés. Le transept, large de 27 mètres reçoit dans chacun de ses bras deux chapelles de plan rectangulaire.

Les espaces de connaissance, comme dans les autres sites monastiques, sont aménagés pour accueillir les livres, baptisés « le trésor des moines ». Au premier armarium, succède le scriptorium dans l’angle nord-est du monastère. A ce changement de dimension, probablement au cours du XIIIe ou XIVe siècle, concorde le développement d’un nouveau matériau : le papier.

Les moines recopient dans ce scriptorium la Bible, les textes religieux ainsi que de nombreux ouvrages scientifiques et littéraires, faisant des monastères des pôles de connaissance.

La copie constitue donc une des tâches essentielles du moine mais aussi un travail présenté comme astreignant, routinier et pénible par certains moines. Ainsi un copiste, écrit-il : « Faites attention à vos doigts. Ne les posez pas sur mon écriture ! vous ne savez pas ce qu’est écrire ! c’est une corvée écrasante : elle vous courbe le dos, vous obscurcit les yeux, vous brise l’estomac et les côtes… ».

L’ armarium claustri est la bibliothèque du cloître, premier lieu de conservation des livres construit à l’ Escaladieu. Constitué de trois arcatures plein cintre ouvrant sur des niches, l’ armarium était fermé : gonds, feuillures pour que des portes s’encastrent et trous correspondant au système de fermeture sont visibles. Des rainures indiquent l’emplacement des étagères.
Ses dimensions relativement modestes témoignent de la rareté des livres au XIIe siècle. Il est aménagé en un lieu stratégique, dans le coin nord-est du cloître, entre l’église et la salle capitulaire, trois lieux quotidiens de lecture.

La salle capitulaire possède une façade romane, composée d’une porte en plein-cintre encadrée par deux baies géminées. Les chapiteaux sont pourvus d’ornements simples représentant des cistels , emblème de l’ordre cistercien.
L’intérieur, datant de la fin du XIIe siècle, est composé de deux travées et demie voûtées sur croisées d’ogives. Le voûtement est réalisé en brique appareillée. Il est constitué d’ogives quadripartites toriques. Elles retombent, au centre de la salle, sur quatre colonnes de marbre surmontées de chapiteaux exploitant le registre des feuilles d’eau déjà présent sur les chapiteaux en façade. Un banc de pierre court tout le long des murs de la salle.

Les colonnes sont réalisées en marbre de Campan, carrière exploitée près de Bagnères-de-Bigorre depuis l’époque romaine. Deux des colonnes de la salle du chapitre sont en marbre dit « isabelle » dont la couleur de fond est rose tendre. Les deux autres sont en « Campan rouge » : le fond est rouge sombre veiné d’une teinte encore plus foncé. Ces subtilités démontrent la finesse avec laquelle les Cisterciens décoraient leurs abbayes tout en restant dans une certaine sobriété.

 

Le chauffoir est la seule pièce des bâtiments conventuels dans laquelle se situe une cheminée. L’actuelle cheminée qui se situe sur le mur ouest date du XVIIe siècle mais il semblerait que l’emplacement primitif de la cheminée se situe sur le mur nord. Mitoyenne du scriptorium, les moines venaient réchauffer leur encre quand celle-ci devenait trop visqueuse.

Aux deux entrées du chauffoir, on trouve la présence de pavements polychromes décorés de motifs géométriques et floraux datant du XIVe siècle. Malgré les préceptes de l’ordre cistercien imposant une grande austérité de vie, les moines se permettent, les siècles passants, quelques écarts à la Règle de Saint-Benoît. Néanmoins, aucun de ces décors visibles ici ne sont figuratifs et l’on reste donc dans une certaine sobriété artistique.

 

Des évolutions architecturales suivront la mise en place au XVIe siècle d’une direction confiée à un abbé commendataire nommé par le pouvoir royal. Au XVIIIe siècle, une nouvelle aile est ainsi construite au nord-est, servant d’appartements aux abbés commendataires. Elle comprend à l’étage, un grand salon carré et une galerie s’ouvrant sur cinq salons, tous généreusement éclairés par de larges baies et des fenêtres œil de bœuf.

Des décors en stuc se développent au-dessus des cheminées. Loin des préceptes des premiers cisterciens, ces décors empruntent au vocabulaire antiquisant omniprésent dans les décors d’intérieurs du XVIIIe au XIXe : pilastres cannelés surmontés de chapiteaux corinthiens, Diane chasseresse…

 

L’entrée dans le monastère se faisait au XVIè siècle à l’est où les façades du XIIe siècle côtoyaient les récentes constructions du XVIIIe siècle. Dans une idée d’harmonisation esthétique, il a donc été décidé de doter toutes les façades d’une allure en conformité avec l’esthétique de l’époque moderne afin d’aboutir à une unité architecturale équilibrée et symétrique. C’est également au XVIIIe siècle que l’entrée du monastère se voit déplacée sur le côté sud, à l’emplacement qu’on lui connait aujourd’hui.

 

 

Le clocher actuel de l’abbatiale fut construit au XVIIe siècle ou au XVIIIe siècle. Il s’élève au- dessus du bras sud du transept et possède une base de plan carré puis un étage octogonal surmonté d’une toiture en bulbe d’inspiration d’Europe de l’est. Ce clocher transgresse la Règle cistercienne qui interdit les clochers en pierre et en élévation.

De vastes jardins s’étendent au sein de l’enceinte de l’abbaye de l’ Escaladieu. Ils sont indispensables aux moines afin de pouvoir s’adonner au travail manuel, partie intégrante de l’équilibre de vie cistercien. A l’est des bâtiments se trouvaient plusieurs ateliers, des écuries, un moulin, un jardin potager, un jardin de plantes médicinales ainsi que les vergers de l’abbaye. Ces jardins, vivriers et médicinaux, permettaient à la communauté d’être auto-suffisante et ainsi pouvoir vivre dans une autarcie quasi-complète.

Dans la partie nord des jardins se situait le vivier de l’abbaye. Ce dernier permettait aux moines d’élever des poissons, les Cisterciens étant végétariens. L’alimentation du bassin faisait partie du réseau hydraulique dont était dotée l’abbaye. Cette dernière possédait tout un réseau de canalisations et d’égouts.

 

Sources site de l’abbaye de l’ Escaladieu

 

La galerie d’images ci-dessous présente la visite