28 octobre BEDOUS en train  2

 

 

La ligne de chemin de fer Pau - Canfranc construite au début du siècle dernier recèle un nombre important d’ouvrages. Jean-Pierre LABARTHETTE, président d’honneur de GMP a proposé de les présenter lors d’un déplacement en train de Gan à Bedous.

 

Au bout du voyage, un petit circuit a permis de visiter le marché de Bedous, puis à quelques centaines de mètres, la Roche qui pleure, enfin la chapelle d’ Orcun avant un sympathique déjeuner à la gare de Bedous devenue Hôtel restaurant.

 

 

La ligne de chemin de fer reliant Pau à l’Espagne.

 

Si l’idée d’une liaison transpyrénéenne ferrée par le Somport date de 1853, il faudra attendre 1928 pour voir le terme de sa réalisation et son inauguration fastueuse à Canfranc.

 

La construction côté français débuta dès 1902 pour le prolongement de la ligne ouverte de Pau à Buzy le 30 juin 1883, suivi de la section Buzy - Oloron le 1 septembre 1883. La section d’Oloron à Bedous ouvrira le 21 avril 1914.

 

Le tunnel du Somport débuté en 1908 vit français et espagnols se rejoindre en 1912. La Guerre ralentira les travaux sans les arrêter. Côté espagnol, l’exploitation de Jaca à Canfranc débuta dès 1922.

 

Le trafic se révéla rapidement décevant, formalités longues et fastidieuses, correspondances inadaptées, fermeture de la frontière pendant la guerre civile espagnole…

 

Paradoxalement c’est pendant la guerre de 1940 à 1944 que le trafic connaîtra son plus grand développement avec les transports de minerais entre l’Espagne et le Portugal vers l’Allemagne, le transit de l’or allemand vers l’Espagne.

 

Canfranc verra également de nombreux réfugiés de toutes nationalités quitter le territoire français par le train « de la Liberté » pour échapper aux allemands. La résistance y fut discrète mais très active.

 

Après la guerre, l’exploitation déclina lentement jusqu’à l’accident au pont de l’ Estanguet en 1970.

 

Cet accident bien opportun permit à la SNCF de mettre fin à un déficit chronique important et d’assurer la liaison voyageurs en bus.

 

On notera que la totalité des voies entre Pau et Bedous a été renouvelée en 2010.

 

 Pour aller plus loin sur ce sujet : http://transpyreneen.free.fr/histoire/histoire1.htm

 

 Depuis 1970, tant côté espagnol que français, des hommes se sont engagés pour la réouverture de la ligne. En France, actuellement, le train circule jusqu’à Bedous et on peut croire que la liaison sera rouverte jusqu’à Canfranc dans quelques années : https://youtu.be/TVR2AD9pBfo

 

 

Les commentaires de Jean-Pierre Labarthette.

 

L’infrastructure d’une voie ferrée se compose de deux rails reposant sur des traverses béton ou bois afin d’améliorer l’assise reposant sur du ballast et tenir l’écartement des rails. Le rôle du ballast étant d’assurer le drainage et un ancrage des traverses. Cet ensemble repose sur une plateforme qui définit le profil et le tracé de la voie ferrée. Sur le tronçon de Gan altitude 210m à Buzy altitude 376m, pour maintenir un profil en long et une rampe constante de deux centimètres par mètre il a fallu réaliser des ouvrages de superstructure : trois tunnels et quatre viaducs. Dans l’ordre de la position kilométrique, le tunnel du Ten 71m, le viaduc de Magendie 112m, ceux de las Hies 313m, de Cambus 94m, de L’ Hoste 54 m et les tunnels de Penendot 80 m et de Bélair (515m), point culminant du secteur à 382m.

 

Sur la partie de Buzy altitude 376 m à Oloron, altitude 221m, le seul ouvrage majeur d’infrastructure est le pont maçonné sur le gave d’Oloron 40m. Il existe aussi de petites œuvres d’assainissement constituant la superstructure.

 

Entre Oloron et Bidos, on voit un souterrain de 305m dit d’Oloron et quelques murs de soutènement.

 

D’ Oloron 221 m à Lurbe Saint-Christau, altitude 267 m, on remarque un pont métallique de 37 m et des murs de soutènement. Les rampes sont de l’ordre de 1 cm par mètre.

 

 De Lurbe Saint-Christau  267 m à  Sarrance 360 m d’altitude,  on traverse le pont de Sarthou  60 m, le viaduc d’Escot 56m, le Tunnel des Fontaines d’Escot 291 m avec de nombreux murs de soutènement. La plateforme s’élève de 1,5 cm par mètre.

 

 De Sarrance, 360 m d’altitude, à Bedous, 406 m d’altitude, on franchit le pont maçonné de l’ Escoudé 36 m, le tunnel du mail de Couret 244m, le tunnel d’ Espalungue 40 m, le pont sur le gave d’Aspe 38m, le tunnel de Salet 124 m, la galerie du Bousquet 60 m, le tunnel de l’ Arraou  276 m.  La rampe de la plateforme se maintient à 1.5 cm par mètre

 

La partie la plus pentue de la ligne se trouve donc sur la commune de Gan avec une grande densité d’ouvrages importants, 3 tunnels et 4 viaducs.

 

Les images de la galerie ci-après, issues de la collection de Daniel Trallero, vous donnent un aperçu du travail de titan des bâtisseurs au début du siècle dernier.

 

 

 

Une vidéo de 34 mn (pour les longues soirées d’hiver…) permet de parcourir la ligne de Pau à Oloron. Filmée du poste de conduite, elle montre les ouvrages comme  les aperçoit le voyageur : https://youtu.be/veFJY0TxNjw

 

 Une autre vidéo, longue aussi de 38 mn est très intéressante pour découvrir les ouvrages. L’auteur s’est positionné à proximité de chacun pour filmer le passage du train. Les vues sont de très grande qualité et montrent le travail réalisé pour la restauration des constructions d’origine assez fascinantes : https://youtu.be/rFTiv_8f_58

 

 

Bedous.

 

Le bourg primitif s’est implanté sur le cône de déjection du Gabarret (Gave d’ Aydius). Il s’organise initialement autour de la Rue Notre-Dame puis développe plusieurs faubourgs aux XVIIe et XVIIIe siècles en bordure des rues adjacentes. La route impériale, au tracé rectiligne, amorce un recentrage des activités économiques et l’arrivée du train en 1914 induit l’urbanisation du quartier de la Gare.
A la fin du XX siècle, lotissements et équipements s’égrènent au Sud, le long de la RN 134.
Le hameau d’ Orcun, bordé par le torrent et les pointements d’ophites que le glacier n’a pu niveler, a su préserver son identité de village-rue.

 

Bourg et hameau jouissent d’un large ensoleillement grâce à l’ouverture du vallon du Gabarret.

Le plan d’action lié à la mise en service (Juillet 2009) de la voie de contournement du village permet à la commune d’assurer pleinement son rôle de bourg-centre et de renouer avec sa fonction de lieu privilégié de rencontres, d’échanges et de commerce entre les habitants de la vallée d’ Aspe Le jeudi, le marché hebdomadaire est très animé. On y vient même en train !

 

 

La Roche qui pleure.

 

 

 

L'eau de pluie, infiltrée dans les sols, après un parcours souterrain en provenance du plateau d’Ourdinse, situé au-dessus, est fortement calcaire. Une fois à l'air libre celle-ci dégaze et le calcaire dissout se dépose sur les premiers obstacles rencontrés, particulièrement des végétaux et généralement des mousses, formant ainsi une roche légère et poreuse dénommée tuf.

 

Quelques maisons du hameau d’ Orcun sont construites avec cette roche.

 

 

La galerie ci-dessous montre le déroulement de cette bien belle journée. Les images sont de Michel Castelli, Daniel Trallero et Pierre Cerezal.