5 octobre 2023                                        VILLAS AQUITANO-ROMAINES

                                                   de BIELLE et du PONT D'OLY

                                                              par Vincent GARNOIX

 

Vincent GARNOIX, originaire du Périgord vit à Bielle en Ossau où, après une carrière dans l’aéronautique il jouit d’une retraite active.

 En effet, membre de l’Association des Amis du Musée d’Ossau d’Arudy, il y participe aux nombreux travaux et recherches sur le patrimoine Ossalois. Parallèlement, sa passion pour L’Ère romaine l’a conduit à fouiller le passé de la région et ce soir il est venu nous présenter les villas aquitano-romaines de Bielle et du Pont d’Oly à Jurançon.

 

Quelques rappels sur L’Ère romaine.

 De la Rome antique à partir de 753 av JC, comptant la Royauté -753 à -509 avec 7 rois dont 3 étrusques, à la République romaine -509 à -27, Jules césar – 100 à -44 reste la figure emblématique. Chef militaire et politique, fin stratège, il soumet l’ Egypte, conquiert la Gaule et l’Aquitaine. Fondateur de la monarchie impériale sans devenir empereur, son assassinat mènera Octave à devenir le premier empereur romain.

 Plus qu’un objectif militaire ou économique, la conquête de l’Aquitaine par Jules César est stratégique sans être essentielle. Il la confiera à Crassus bénéficiant du concours des peuples celtes du nord de la Garonne.

 

 

En -22, quand Auguste divise la Gaule en 4 parties, l’Aquitaine couvre une surface considérable, des Pyrénées à la Loire. Dioclétien vers 284-305 divisera cette Aquitaine en 3 parties. L’Aquitaine troisième ou Novempopulanie va des Pyrénées à la Garonne. Elle est née d’une organisation administrative voulue par Rome et d’une revendication de ses habitants comme en atteste la stèle d’ Hasparren.

De la conquête de la Gaule par les romains naît une société dite « gallo-romaine » de -100 à 500 mélangeant les traits des deux civilisations. Les gaulois adoptent la langue, la religion et le mode de vie romains.

Les deux premiers siècles d’occupation connaissent une période de paix et de prospérité propices à un développement, notamment dans le domaine de l’habitat.

 La pierre de taille équarrie et la maçonnerie à base de mortier comme les tuiles et les briques constituent l’essentiel des matériaux.

 Les techniques employées privilégient le chauffage par le sol dans les pièces et pour les bains. Au 1er siècle apparaissent les premières vitres. Les enduits, peintures murales et fresques, les marbres sont d’usage courant. Partout, les mosaïques sont une marque de luxe. Leur conception évolue suivant les écoles. Dans notre région on trouve souvent des formes géométriques mais aussi, des vignes, du lierre, et des feuilles d’acanthe.

 Trois types d’édifices caractérisent l’habitat romain. La Domus, maison familiale de ville, l’ Insula, habitat collectif et la Villa, souvent caractéristique d’un domaine agricole important. Elle comprend à la fois l’habitation et les dépendances agricoles.

 

La Villa de Bielle.

 Datant vraisemblablement du IIe/IIIe siècles, elle possédait des mosaïques des IVe/Ve siècles. Découverte fortuitement en 1842 par un agriculteur travaillant ses champs, elle livre d’abord de la mosaïque, des fragments de colonnes, une corniche de marbre et des ossements d’animaux. La présentation détaillée de la Villa est donnée par les images de la galerie ci-après. On notera que le motif principal des panneaux encadrant le panneau central de la mosaïque est la Pelta très souvent employée à cette époque. Symboliquement elle conjure le mauvais sort et assure la protection du lieu. Ce motif reprend la forme du bouclier du guerrier Peltaste de Thrace.

 Des vestiges sont encore mis à nu lors de travaux dans les environs immédiats du site de la Villa et des matériaux de réemploi portent la marque de leur origine. Des recherches font espérer Vincent Garnois qui s’emploie à mettre en évidence des installations comme l’alimentation en eau de la Villa.

 

On notera que parmi les nombreuses Villas répertoriées dans le Béarn, celle de Bielle est la plus méridionale des vallées pyrénéennes. 

 

La Villa du Pont d’Oly

 Cette villa a la particularité d’avoir été découverte trois fois sans que jamais quoi que ce soit entraîne durablement sa préservation.

 En 1801, le préfet, ministre de l’intérieur note que vers 1770 un agriculteur travaillant son champ met au jour « des débris de maçonnerie et des petits cailloux travaillés avec art » dans ce lieu où se souvient le peuple il y avait un château de fées et une meule d’or ! On croit rêver.

 Il précise qu’à cette date de 1801, « cette idée réveillée » provoque l’afflux de population sur le site où chacun cherche et emporte ce qu’il peut : tesselles, fragments de colonnes, etc. Après plusieurs hypothèses il est reconnu qu’il s’agit d’un monument romain. 

 En 1844 l’intérêt revient avec la découverte d’une mosaïque puis en 1850 grâce aux fouilles d’un jeune anglais, Baring Gould. Elles vont révéler l’ampleur des constructions sur les bords du Néez.

 Un premier bâtiment, rive gauche, quoique fait de matériaux peu nobles affiche de nombreuses et belles mosaïques. Plutôt qu’une habitation c’était peut-être un centre de bains. Des mosaïques il ne reste que des dessins présentés dans la galerie qui suit.

 En 1883, il ne reste rien de ce bâtiment et en 1886, le site est radié des monuments classés.

 

 

Le bâtiment érigé rive droite présentera quelques vestiges dans les premières années du 19e siècle : fragments de mosaïques, tronçon de colonne, chapiteau corinthien en marbre blanc… Quelques mosaïques ont pu être prélevées et restaurées avant que le détournement du cours du Néez en 1989 pour l’aménagement d’une Zac emporte l’essentiel du site. Elles sont exposées dans le chai de vieillissement de la Cave du Jurançon à Gan, cette coopérative ayant grandement contribué au financement des restaurations.

 

 

 

Les images de la galerie ci-après sont pour la plupart des photos des projections réalisées pendant la conférence.