Le 7 octobre 2021, sous la conduite de Mme Anne Giannerini, historienne de l’Art et guide conférencière, une vingtaine de membres de GMP sont allés à la découverte des dolmens et tumulus dominant la vallée de l’Escou.

 Les collines situées au nord-est d'Oloron-Sainte-Marie et plus précisément entre les villages de Précilhon et Escou ont été utilisées par les hommes du néolithique pour y implanter leurs monuments funéraires. Sur les points hauts se trouvent, alignés selon une direction sud-est/nord-ouest, plusieurs dolmens.

 

Le dolmen de Peyrecor I

 Le dolmen de Peyrecor I a été fouillé pour la première fois (officiellement) en 1866 par Paul Raymond qui n'y découvrit aucun objet. En 1933, M. Camblong, curé d'Escout, démonta une partie du dolmen. Il utilisa huit dalles pour faire les fondations de la croix qu'il érigea à côté. L’empilement de pierres à proximité ne saurait être retenu comme étant un dolmen. Il a indiqué qu'il fallut douze paires de bœufs pour extraire les dalles du tumulus. Celui-ci a une forme ovale, d'une longueur de 16 m et d'une largeur de 12 m. Du dolmen il ne subsiste plus qu'une cavité longue de 5 m, large de 1,65 m et profonde de 1,30 m. Il ne reste qu'un orthostate en place. Il a une longueur de 2,10 m, une hauteur de 1,50 m et une épaisseur de 0,30 m.

 

Le dolmen de Peyrecor II

 En 1957, l'abbé Barandiaran remarqua, à proximité, un autre tumulus d'un diamètre de 12 m et de 0,90 m de hauteur. Il y vit quatre dalles de grès entièrement noyées dans le tumulus et disposées en arc de cercle. En 1979, J. Blot décrivit le même tumulus et le dénomma dolmen de Peyrecor II. En 1981, un début de défrichage et de nivèlement du tumulus fut interrompu par l'intervention de G. Marsan, correspondante de la DRAP. Une nouvelle tentative de destruction en 1989 provoqua l'intervention du ministère des Affaires Culturelles qui autorisa une campagne de fouilles (1990 à 1993) suivie de la restauration du monument en 1994.

 Les fouilles ont mis à jour un tumulus de 12,50 m de diamètre circonscrit par un mur de parement construit avec de grandes dalles de grès posées horizontalement. Ce mur, constitué de 4 à 8 niveaux de dalles, a une hauteur de 0,90 m et une épaisseur de 0,70 à 1 m. Il présente une légère inclinaison vers l'intérieur en montant. À l'intérieur du tumulus, un deuxième massif, de forme ovale et de 1 m d'épaisseur, entoure le dolmen. Le remplissage du tumulus est constitué de terre argileuse. Le dolmen intégré au tumulus est constitué de deux orthostates côté nord, de deux orthostates côté sud et d'une dalle de chevet. L'ouverture de la chambre est au sud-est. Les orthostates alternent avec des murs en pierre sèche. Les orthostates sont disposés dans des tranchées de 10 à 20 cm de profondeur. La chambre a été placée dans une fosse de 40 à 50 cm de profondeur par rapport au sol environnant. Elle a une forme de trapèze avec une largeur de 0,80 m, à l'entrée, et de 1,60 m au niveau du chevet. Sa longueur est de 3,30 m. La hauteur de la chambre a été estimée à 1,20 m. La couverture de la chambre est absente, certainement détruite lors du défrichage. Un reste de dallage a également été retrouvé. La dalle de chevet en grès jaune a été partiellement détruite (sur la moitié de sa hauteur). Cette destruction est supposée ancienne et correspond certainement à une violation de sépulture.

 Ce dolmen présente une chambre et un couloir non différencié qui s'ouvre en façade du tumulus. Le dolmen n'est pas centré, mais en position radiale du côté est du tumulus. Cette architecture est dominante dans les dolmens du Quercy. En 1981, G. Marsan a dégagé, dressé devant le chevet, une dalle en grès jaune haute de 1,12 m, large de 0,55 m et épaisse de 9,50 cm. Le rôle de cette dalle est inconnu. S'agit-il d'une stèle ou d'une réparation de la dalle de chevet suite à sa destruction ? L'accès à la chambre fut condamné par des blocs de pierre dressés en arc de cercle. Dans une niche aménagée dans ce mur fut retrouvée, dressée sur son tranchant, une hache polie. La présence de nombreux charbons de bois laisse supposer que la condamnation du dolmen fut réalisée par un incendie.

 Les fouilles ont mis en évidence cinq phases d'utilisation du monument. La première phase correspond à la construction du monument. Elle est datée de 2869 à 2300 av. J.-C. À la base du tumulus furent mis à jour 47 éclats de silex formant des lames et des lamelles de petite taille, mais aucune céramique. La deuxième phase, datée de 2500 à 2200 av. J.-C., correspond à la condamnation du monument. Les artefacts correspondant à cette période sont constitués de la hache polie retrouvée dans la niche du mur fermant le couloir, de 105 microlithes (lamelles et éclats) retrouvés sur le tumulus et d'un vase brisé retrouvé incomplet.

 La troisième phase est datée du bronze ancien (2400 à 2000 av. J.-C.). Elle est représentée par 132 microlithes, une meule dormante et 34 tessons de céramique correspondant à 6 vases. Ces pièces ont été retrouvées sur le parvis devant le tumulus. Durant cette période ont également été construites dans le tumulus cinq structures. La première, érigée côté sud, est une fosse ovale de 2,10 m sur 0,90 m. Elle ne contenait aucun mobilier, seulement des charbons de bois, daté par C14 de 2432 à 2036 av. J.-C. La deuxième structure est une fosse ovale de 2,10 m sur 1,10 m et profonde de 0,83 m. Elle était totalement stérile. La troisième structure correspond à une fosse ovale de 2,40 m sur 0,90 m. La quatrième structure est un empilement de dalles de grès prélevé sur le tumulus et la cinquième structure est également une fosse de 2,30 m sur 1,80 m et profonde de 0,64 m.

 La quatrième phase est datée du bronze final. Elle est représentée par un coffre, de 1,40 m sur 1,20 m, qui contenait des charbons de bois. Ils ont été datés par C14 de 1075 à 814 av. J.-C.. Durant la cinquième phase fut réalisé au niveau de la façade nord-est du tumulus une cuvette de combustion de forme ovale de 1 m sur 0,70 m et profonde de 25 cm. Des résidus, retrouvés dans cette fosse, ont été datés de 761 à 402 av. J.-C. Il s'agit probablement d'un four de cuisson réalisé en argile.

 

Le simulacre de dolmen d’Escou

 Il existe à 2400m au sud-est, sur la commune d’Escou, une croix monumentale au pied de laquelle des dalles ont été empilées sous la conduite de l’abbé Camlong. Extraites du sol lors du déplacement de la croix en 1975, elles ne sauraient représenter un dolmen mais il est vraisemblable qu’il y en ait eu un dans cette zone. Ces dalles en grès, sont issues des affleurements du flysch campanien, situé 200 m en contrebas dans la plaine.

 

Le dolmen de Darrè la Peyre

 Dans le prolongement vers l’ouest des dolmens de Peyrecor se trouve celui de Darrè la Peyre. Connu de longue date, il a fait l’objet de réutilisations jusqu’au V° siècle de notre ère.

 Il apparaît en 1807 sur le cadastre napoléonien. En 1873 il est cité dans une publication de Paul Raymond et évoqué en 1981 par C. Blanc. En 1986, R. Cazabonne et B. Chéronnet signalent qu’un enseignant d’Oloron Sainte Marie l’a fouillé en 1952 sans réaliser de compte rendu. Un sondage de diagnostic a été effectué en 1997 suivi de trois campagnes de fouilles en 1998, 1999 et 2000.

 Le sondage de 1997 a permis de connaître l’existence d’un tumulus de 10m de diamètre et de 25 à 30cm de hauteur. Au sein de ce tumulus se trouvait une dalle affleurante de 3m sur 2,20m et de 50 à 55cm d’épaisseur. Une dalle verticale située au sud-ouest fut reconnue comme un élément de la dalle de couverture brisée lors des fouilles de 1952. Une excavation longue de 4,50m, large de 2m et profonde de 0,90m fut également retrouvée.

 Les fouilles modernes mirent au jour une chambre longue de 3m et large de 1,20m à 1,50m. Elle est délimitée par cinq orthostates formant les grands côtés orientés nord-ouest et sud-est. Toutes les dalles sont en grès et proviennent de l’affleurement du flysch campanien situé 200m en contrebas comme à Peyrecor. Aucun vestige osseux ne fut retrouvé mis à part trois emails dentaires attribués à deux jeunes enfants. L’industrie microlithique et les faïences identiques à Peyrecor II laissent supposer que la construction date de la même période du milieu du III° millénaire avant J.-C. soit le néolithique final.

 Le dolmen a été réutilisé à l’âge de Bronze comme en atteste une céramique retrouvée dans la fosse centrale. Dans l’Antiquité, une fosse fut creusée. Son sol était dallé et fut en partie détruit lors des fouilles de 1952. Au fond de cette fosse furent retrouvés deux tessons de poteries et deux perles en verre bleu caractéristiques de l’époque gallo-romaine, 30 av et 70 ap. J.-C. Entre le III° et le V° siècles après J.-C. une structure de pierres alignées fut érigée sur le côté ouest du tumulus. Il s’agit sans doute de la bordure d’une fosse sépulcrale.

 La période moderne est attestée par la présence dans le tumulus d’une balle de mousquet en plomb de 16mm de diamètre, de deux pierres à fusil et par six pièce de monnaies du XIV) au XVII° siècles. Une tranchée creusée côté est au XVIII° siècle a mis au jour sous l’orthostate n° 1 une pièce datant de Louis XVI.

 

Pour remonter aux sources :

 https://www.lieux-insolites.fr/pyreatlan/peyrecor/peyrecor.htm

 https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1997_num_94_4_10725

 https://www.lieux-insolites.fr/pyreatlan/darre/darre.htm

 

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