12 mai 2022                                     PLATEAU de MEILLON

 

 

Ce 12 mai 2022 nous avions rendez-vous avec Jean Touyarou pour une petite randonnée à la découverte du Plateau de Meillon.

 Vice-président de l’Association des Amis du Musée d’Ossau, Ingénieur forestier retraité et passionné de nature comme d’architecture, nous avons toujours grand plaisir à entendre les explications de Jean Touyarou, fruit d’un travail de fond très apprécié déjà lors des conférences qu’il a prononcées pour l’association :

 

https://gan-memoire-patrimoine.jimdofree.com/conf%C3%A9rences/2017/9-mar-histoire-mouvement%C3%A9e-de-la-for%C3%AAt-pyr%C3%A9n%C3%A9enne/

 

 https://gan-memoire-patrimoine.jimdofree.com/conf%C3%A9rences/2021/21-oct-bateaux-de-guerre-et-bateaux-de-p%C3%AAche/

 

 Nous lui avions demandé de nous dire aussi quelques mots sur l’eau à Meillon qui participe à la ressource alimentant notre consommation en eau potable comme nous l’avions découvert lors de la visite effectuée en février 2014 :

 

https://gan-memoire-patrimoine.jimdofree.com/visites/2014/20-f%C3%A9v-siep-narcastet-et-gan/.

 

Nos remerciements à Jean Touyarou qui a bien voulu nous adresser à l’issue de cette demi-journée très enrichissante les notes suivantes :

 

 L'eau

 Un des 10 puits de captage d'eau potable en amont de la ville de Pau, se situe sur la commune de Meillon, sur la rive gauche du gave de Pau.

 L'eau a toujours été importante pour cette commune qui a compté jusqu'à 50 maraîchers (moins de 10 aujourd'hui). La présence de gravières à divers endroits a eu pour conséquences un abaissement de la nappe phréatique et un affouillement du lit du gave allant jusqu'à déchausser certains ponts. Pour remédier à cela, des seuils ont été érigés : en 1984 pour Meillon. Depuis, la nappe s'est stabilisée.

 L'arrosage (issu de puits) est important pour la commune qui tente de maintenir le maraîchage malgré le déclin, notamment en participant au développement de la « ceinture verte » au sein du Pays de Béarn.

 

 Le plateau de Meillon

 Le « plateau de Meillon » est un vaste triangle inséré entre les vallées de l’ Ousse, au Nord, et le gave de Pau, au Sud, dont la pointe est la confluence des deux cours d’eau à Bizanos, à l’Ouest

 L’origine géologique de ce plateau date de la glaciation du Mindel, de - 650 000 à - 350 000 ans. Il est composé d’écoulements fluvio-glaciaires issus de la fonte du glacier de Lourdes.

 Il est utile de savoir que l’actuelle vallée de l’ Ousse est l’ancienne vallée du gave de Pau dont la sortie à Lourdes fut obstruée au Würm (- 100 000 ans), obligeant le gave à se diriger à l’Ouest vers Peyrouse et tenir sa position actuelle qui le fait passer à Meillon. Les géologues parlent de la vallée de l’ Ousse comme d’une « vallée morte ».

 Ainsi, à la fin de la dernière glaciation, coincé entre ce qui restait de l’ancien passage du gave (toujours alimenté en eau sur près d’un kilomètre de large) et le gave actuel, le plateau de Meillon était devenu une sorte de « presque-île ».

 Les courants impétueux de part et d’autre de ce territoire contraignirent les toutes premières populations humaines à limiter leurs déplacements. Mais à quelque chose le malheur est bon : la grande quantité de pierres trouvées dans le sol et issues des montagnes pyrénéennes furent d’excellents gisements pour la fabrication d’armes de chasse ou d’outils agraires.

 C’est ainsi que dès le paléolithique des hommes séjournèrent sur le site. Des hachereaux et bifaces en pierres taillées témoignent de leur présence. Ceci fut complété plus tard, au néolithique notamment, par des haches polies, des affûtoirs, meules, houes, herminettes, et bien d'autres petits matériels.

 Certaines parcelles sont sujettes à réglementation car classées « zones de présomption de prescription archéologique ».

 Longtemps lande communale puis privatisé et parcellisé sous Napoléon 1er, le plateau a longtemps été constituée de petites parcelles vouées à l'élevage ou au « touyas » (landes pour le soutrage) avec quelques bosquets et des haies arborées, plusieurs restructurations foncières en ont fait aujourd’hui un vaste plateau où les arbres sont rares, couvert en majeure partie de maïs . La zone entrevue mesure 600m de large sur 3km de long, totalement dépourvue d'arbres et de haies et donc néfaste à la présence d'animaux sauvages.

 

 Le gaz

 Meillon a compté 4 puits de gaz dont le gisement a été découvert en 1965. Le volume estimé était de 90 milliards de m3 à 4 500m de profondeur pour une poche de 25km.

 L'exploitation s'est arrêtée en 2014. Un bouchon en ciment de 150m de haut a obstrué les orifices.

 Les sites, après un nettoyage méticuleux par des sociétés spécialisées, ont été rendus disponibles : en terres agricoles, pour certains, en champs de panneaux photovoltaïques pour la commune à Meillon.

 Un peu de botanique

 La randonnée à travers une forêt naturelle feuillue a permis d'appréhender certaines espèces arborées ou arborescentes. Citons :

 le chêne pédonculé, avec ses fleurs peu visibles (photo 1). L'acacia (robinier) avec au contraire de grandes fleurs blanches (photo 2). Le châtaignier, avec ses fleurs qui sortent à peine (photo 3). Le merisier avec ses deux petites glandes à la base du limbe et qui s'appellent « nectaires » (photo 4). Le frêne, à la feuille composée pennée (photo 5). Le charme, dont la feuille dentelée ne doit par être confondue avec celle du hêtre qui est velue (photo 6). Le houx, dioïque c'est à dire que les pieds sont mâles ou femelles (photo 7). Le chêne rouge, introduit en Europe pour ses couleurs flamboyantes (photo 8). La bourdaine, utilisée pour la fabrication de la poudre noire avec du soufre et du salpêtre (photo 9). Le cerisier tardif, invasif (photo 10), tout comme le buddleia (photo 11). Des arbres morts, utiles pour la biodiversité. »